Ma mère disait toujours qu’il ne fallait avoir honte de rien, qu’il fallait toujours assumer qui l’on était, qui on est aujourd’hui, et qui on sera demain ; c’est ce qu’elle a toujours fait, et c’est sur ses traces que je marche aujourd’hui. Ma mère a toujours été un modèle pour moi, et l’est toujours d’ailleurs. Cette femme forte qui malgré les préjugés et les critiques qui pesaient sur elle à continuer à poursuivre ses activités sans sourciller, et c’est surement grâce à sa témérité que j’en suis arrivée là aujourd’hui. C’était une très grande femme d’affaire, et elle n’a d’ailleurs pas besoin de moi pour le lui dire, puisqu’elle se le répète assez elle-même. D’un côté il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit quand il s’agit du business, mais de l’autre, quand il s’agit de l’éducation de ses enfants, tous ces détraqueurs lui tombent dessus. Mais au lieu de l’accabler, ne faudrait-il pas plutôt demander son avis au principal intéressé ?

les fêtes, le bruit, l’alcool, la drogue, les lendemains difficiles et surtout les gueules de bois j’ai connu tout ça. Et contrairement à certains qui en faisaient les frais dans le dos de leurs parents, ma mère en avait pleinement conscience, et sans exagérer, c’est même elle qui m’y incitait. Mais en y repensant, même si elle avait voulu m’écarter de ce milieu, ça aurait été bien trop compliqué ; c’était la gérante d’un host-club à Séoul. C’est surement à cause de ça que dans ma famille, on est sans gêne, la pudeur, ne fait pas partie de notre vocabulaire. Enfin, ma famille ne se résume qu’à ma mère et moi. Mon père ? Je ne l’ai jamais vu, et je n’ai pas cherché à entrer en contact avec lui ; ma mère m’a expliqué très crûment qu’il s’est barré après avoir appris qu’elle était enceinte, mais je le vis bien. Après tout, pourquoi le vivrais-je mal ? La plus part des mecs sont comme ça, et ma mère n’aurait pas pu vivre de son activité aussi librement avec l’ombre d’un mari derrière elle. Donc durant toute ma vie, et encore aujourd’hui je compte sur elle, et elle compte sur moi, c’est un peu le « duo de choc ». Encore aujourd’hui, notre relation passe beaucoup mieux niveau morale ; vous vous imaginez, une mère qui parle de son activité aussi librement à sa fille de 13 ans ?

bon, sans surprise j’ai finis par suivre les traces de ma mère, pas par devoir, mais surtout par envie, c'est comme si j'y étais destinée. Ça a beau être un milieu pourri, et certaines de nos activités ont beau être illégales, c’est ce que j’aime, et ça me plait. La morale d’en tout ça ? il n’y en a pas. Suis-je vraiment la seule en ce bas monde à éprouver un plaisir malin en voyant ses femmes qui sont prêtes à débourser des sommes faramineuses pour un ou plusieurs hommes ? même si j’adore celles qui sont là pour s’amuser, les meilleures proies sont les désespérées. Au final, on y gagne tous ; elles trouvent du réconfort, les hosts sont payés et mon business marche bien. Quoi de mieux ? Ça peut paraître amusant, mais c’est tout sauf un jeu. J’ai beau avoir l’air souple aux premiers abords, je sais me montrer ferme quand tout ne tourne pas comme je l’entends… demandez à cet host ce qui lui ait arrivé la dernière fois quand il a eût le malheur d’être trop négligé !

Mon rapport avec les hommes ? C’est compliqué. A force de les voir comme de la marchandise, & de vulgaires objets depuis ma plus tendre enfance, j’ai du mal à vraiment les considérer. Il faut aussi avouer que je suis difficile à vivre et que l’homme qui arrivera à assouvir tous mes caprices n’est pas encore prêt à se pointer.