Tae Ho... Un drôle de bonhomme. On sait tous vaguement qui il est sans toutefois le connaître, on ne remarque nécessairement pas sa présence, mais son absence finit toujours, tôt ou tard, par frapper quelqu'un. Ce n'est pas non plus comme s'il faisait des pieds et des mains pour que l'on s'intéresse à lui : en fait, passer inaperçu l'arrange drôlement, car rien ne le rend plus mal-à-l'aise que de recevoir beaucoup d'attention. Dans ces moments-là, il préférerait de loin disparaître... Ce qui est assez ardu du haut de son mètre quatre-vingt-un et de son imposante carrure.

À le voir ainsi rougir et bafouiller lorsque quelconque parole lui est adressée, il n'est pas très dur de voir que notre cher Hwang est un jeune homme fort timide et réservé, trait de caractère qui surprend habituellement, puisqu'il contraste avec l'allure confiante et détachée qu'il projette bien malgré lui. Pour ainsi se soustraire au plus de gens possible, il n'est pas rare de le voir trainer dans des endroits plus paisibles tels la bibliothèque ou les couloirs, ne souffrant aucunement de la solitude quasi constante qu'il s'impose lui-même : bien qu'il ne souhaite pas bannir toute fréquentation de sa vie, il apprécie en fait énormément le calme et la paix que lui offre l'absence de compagnie.

Ce tempérament ne lui vient pas de bien loin : tout jeune, on l'intimait déjà de se taire, de se faire discret, presque transparent. Ces conditions étaient essentielles à sa mère tout particulièrement, qui offrait des consultations de voyance à la maison - Tae Ho ne crut jamais à tout ce qu'elle racontait, bien qu'il ne lui avoua jamais - et qui avait, selon ses dires, besoin d'un calme parfait, d'un silence entier. Notre jeune garçon se terrait donc dans sa chambre, le nez plongé dans un bouquin, en tournant les pages presque craintivement, de peur que leur bruissement ne révèle sa présence.

Il voyait rarement son père, celui-ci ayant quitté sa mère pour une autre femme lorsque le gamin n'avait que deux ans, mais il passait parfois quelques week-ends avec la petite famille - le couple avait eu une fille, Jung Ran -, qui lui offrait une liberté presque complète. Habitué à se tenir sagement dans un coin, Tae ne fut ainsi pas l'enfant qui fit le plus de bêtises lors de ses jeunes années et tout ce qui marqua son père et sa belle-mère fut son appétit presque insatiable, qui faisait des véritables malheurs lorsqu'il passait par la cuisine.

À l'école, Taeho était un étudiant appliqué, qui fournissait de grands efforts sans pour autant exceller dans ce qu'il faisait. Le problème apparut bien vite : le garçon n'arrivait pas à s'exprimer adéquatement, que ce soit par écrit, ou pire, à l'oral... Et ce n'était pas parce qu'il n'essayait pas, il voulait se faire comprendre, il le voulait tant. Poser une question était un véritable défi pour lui alors qu'une présentation orale le rendait littéralement malade, et l'on fit appel à une poignée de spécialistes avant que l'un d'eux n'aie la brillante idée de le plonger dans différentes sphères artistiques, se demandant si son patient n'allait pas trouver là une façon de parler.

L'essai fut un grand succès et la guitare classique devint ainsi une libération pour notre protagoniste : jamais il ne parlait mieux qu'en caressant les cordes de ses doigts, jamais on ne l'avait entendu aussi fort qu'à travers les gammes qu'il interprétait avec une facilité étonnante. Son domaine de prédilection apparut ainsi clairement à tout son entourage, et c'est ainsi qu'à la suite de quelques années d'études déjà et après avoir remporté maints concours nationaux, Tae vient d'entamer son master, qu'il compte bien faire suivre d'un doctorat.