Minuit moins le quart. Sun Mi n’avait pas trouvé le sommeil. Elle se repassait encore et encore le plan dans sa tête. Elle ne voulait pas. Mais si elle ne le faisait pas, sa vie serait fichue. La jeune fille se trouvait bien égoïste. Malheureusement, la pression sur ses épaules la poussait à être comme ça. Et puis, quel remord pourrait-elle avoir ? Ce n’était pas ses vrais parents. Ce n’était pas sa famille. Elle avait baigné dans le mensonge pendant toutes ces années… Ils allaient maintenant regretter. Elle n’avait pas pris ses médicaments cette fois. Elle voulait sombrer dans la folie pendant qu’elle faisait son acte. Elle voulait mettre ça sur le compte de ses problèmes mentaux. Elle ne voulait pas être consciente à ce moment-là. Et puis, de toute façon, le feu la mettait toujours dans un état d’extrême folie.
Le vibreur de son téléphone la sortit de ses pensées. Minuit. Elle devait maintenant agir. Ce qu’elle allait faire était de la folie pure mais elle se disait elle-même complètement folle. Sun Mi se levait de son lit et sortait de sa chambre. Elle marchait à pas de loup en rasant le mur. Elle allait vérifier si ses « parents » dormaient. Elle en eut la confirmation grâce à leur lourde respiration. Les somnifères faisaient leur effet. Heureusement que c’était elle qui avait dû préparer le repas ce soir-là. Sun Mi entra dans la chambre de son petit frère. Elle le regardait dormir avec un petit sourire. C’était le seul qu’elle appréciait réellement dans cette famille misérable. Mais elle ne pouvait pas le laisser orphelin. Et elle ne voulait pas le laisser périr dans les flammes. Elle allait donc s’en occuper elle-même. Elle murmura tout d’abord un « pardon » presque inaudible.
Elle jeta un dernier regard au bambin et entoura son cou d’enfant avec ses mains. Elle se sentait ignoble de faire ça. Mais elle ne se contrôlait pas. Elle serra, serra longuement, jusqu’à ne plus voir la poitrine du petit se soulever. Le regard de la jeune fille était vide. Elle lâcha ensuite la gorge du petit qui n’était maintenant plus qu’un cadavre. Au moins il était mort sans souffrance. Sun Mi ne ressentait aucun regret d’avoir fait ça. Et ce n’était que la première partie de son plan. La seconde partie s’avérait bien plus amusante pour elle. Elle descendit au garage et retrouva les bidons d’essence qu’elle avait achetée. Ils n’avaient vraiment rien remarqué. Ils la considéraient comme folle et donc ne remarquaient jamais rien. Ils ne remarqueraient donc pas qu’elle était en train d’arroser tous les objets inflammables , d’essence. Ils ne remarqueraient pas non plus qu’elle foutrait le feu à cette baraque. Ils ne sentiraient pas la fumée qui envahirait la maison. Ils ne sauront jamais qu’ils sont morts, engloutis par les flammes.
Sun Mi quant à elle, disparaissait dans la nuit. Elle effaça toute trace de vie de la famille Yong sur cette Terre. Avec l’aide d’un ami, elle s’enfuit. Elle était maintenant orpheline mais elle s’en fichait. Cette famille n’avait jamais eu de valeurs à ses yeux. Elle changea son nom pour prendre la particule « Heo » et commença une nouvelle vie…
Midi. L’heure pour Sun Mi de prendre son service dans le petit restaurant de la ville. Malheureusement pour les clients, la jeune fille avait eu une soirée affreusement intense. Et les effets pouvaient s’en ressentir sur la jeune serveuse : Sun Mi s’efforçait de sourire mais l’humeur n’y était pas. Son client du soir a voulu encore une fois aller plus loin alors qu’elle le faisait très rarement. Par tous les moyens possibles elle a essayé de fuir les avances de ce type mais elle n’a finalement pas trouvé d’issue cette fois-ci. Elle a dû alors se plier aux fantasmes de son client. Ce qui lui avait bien tapé sur les nerfs ensuite. Elle aurait pu le tuer si elle n’avait pas pris, c’est bien l’une des rares fois, ses médicaments qui la rende douce comme un agneau. De toute façon, son patron contrôle si elle les prend ou pas. Pas tout le temps mais elle fait attention quand même. Sun Mi s’est déjà faite remontée les bretelles une fois, elle ne veut pas l’avoir à dos une nouvelle fois. Alors un soir par semaine, elle prend ses foutus comprimés pour qu’il lui fiche la paix. Elle sait que c’est pour son bien, mais elle déteste qu’on s’apitoie sur son sort. Oui elle est mentalement folle, violente et tout le tintouin. Mais elle s’en fiche un peu. Parce que lorsqu’elle se retrouve dans un état de démence, ça la libère complètement.. Et ça la fait oublier cette vie misérable qu’elle mène. UC